Dernier jour, dernier soir, coucher de soleil à couper le souffle. Vue d'une église dans laquelle on s'était réfugiés à cause de la pluie. Semaine de folie, semaine de pure folie. Une tuerie, un bonheur de malade, dépaysement total, je me sens tellement, tellement différente. Pas épuisée, pas encore. Remplie de tout ça, en fait. Remplie de toute cette expérience. Je ne sais même pas comment exprimer tout ça.
C'est comme sortir de soi. Quitter sa vie, en fait. Vous savez, comme les ellipses dans les livres ou les films. Pouf, une portion de temps qui disparait. J'ai disparu de ma vie pendant une semaine et je suis en train de la réintégrer petit à petit. C'est demain que ça va faire le plus mal, demain que la vague va me tomber dessus, écume, sel, allez, bois la tasse ! Pour le moment, elle est encore en suspension au-dessus de moi, le rouleau tourne, tourne, tourne... Je sais que ça va se déverser sur moi à un moment ou un autre, me mettre une belle claque dans la figure, me chambouler, m'assommer, mon dieu, où est l'air libre, où est le fond où est le ciel ? Je vous le redis, je suis sortie de moi pendant une semaine, sortie de ma vie. Tout me devient étranger.
Vous savez quoi ? Je ne me rappelle pas avoir déjà éprouvé ce sentiment. Sans famille pendant une semaine, avec seulement 5 filles latinistes que je connaissais, et ma prof de latin. Les autres, à part quelques têtes connues et une ancienne prof, je ne savais pas qui ils étaient. Quand vous déambulez dans Rome et que vous ne reconnaissez aucun visage. Quel sentiment étrange, sentiment de neuf, de renaître ailleurs, de ne plus rien connaître... Nous ne savons rien ! Tous ces gens, tous ces scooters, tous ces vieux immeubles colorés et fleuris. Toute cette vie que j'ignorais jusqu'alors. Se sentir vivant jusque dans ses os, jusque dans sa moelle, manger des pâtes al dente et des glaces à l'italienne. Traquer les Vespa. Traquer tout ce qu'on ne connaît pas, ouvrir bien grand les yeux pour tout faire rentrer dedans. Je ne suis pas revenue, je suis encore là-bas, je crois. Je me fais persécuter par un vendeur de lunettes de soleil à la sauvette (qui se reconverti en vendeur de parapluie quand il pleut, et en vendeur de petites lumières marrantes quand il fait nuit. Les gens sont fous, j'adore ça). Tout ça pour dire que demain, retour à la réalité, BAM. Je ne vais croiser que des gens que je connais dans ce lycée, je les connais tous de vue de toute façon... Il va falloir raconter, parler, parler, parler... Mais c'est tellement long ! Il y a tellement de choses à dire ! Raconter et rester assis toute la journée à écouter des profs parler alors que j'ai passé ma semaine à marcher, à courir partout dans Rome/Pompéi/le musée de Naples, à en avoir mal aux mollets, à en avoir les pieds qui brûlent. Alors quoi ? Je trouve ça parfaitement absurde. Pas vous ? Je vous tiens au courant pour demain, tiens. I will survive ! (Rome est avec moi)
(Ah et puis, je vous posterai des photos quand j'aurais le
temps. Et je pense que les articles qui vont suivre parle-
ront de Rome, autant vous prévenir petits scarabés !)
Tant mieux si tu as pu t'évader ! =)
j'espère que le retour ne sera pas trop dur, essaye de profiter de l'élan de bonheur que ce voyage a pu apporter, ne pars pas avec un mauvais a priori sur demain ! =)